Les soirs d'hiver, quand la nuit est tombée, que le froid a gagné jusqu'aux intérieurs, par les interstices et les portes encore négligemment entrebâillées, que la discrète angoisse d'une fin de dimanche saisit les âmes, se réunir autour d'un riz aux saveurs de cannelle, où se cachent et que revêtent aussi ces fruits secs, figues, raisins et abricots,  fondants et savoureux, est l'un de ces instants de grâce culinaire dont les femmes ont l'intuition et le secret. On plonge dans le plat à la cuiller, avec gourmandise. Secret oui, de ces "plaisirs minuscules" décrits si talentueusement par l'écrivain Philippe Delerm mais sans lesquels nos regards ne s'illumineraient pas soudain, nous faisant revivre des souvenirs d'enfance, l'hiver, en Alsace, lorsque nous découvrions les assiettes de petits gâteaux sablés recouverts de sucre-glace et aux mêmes saveurs de cannelle. C'était à Lutterbach, au pied des Vosges enneigées. Et là, c'était au pied des sommets de l'Atlas...
La mémoire des saveurs n'a pas de frontière.

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