21 avril 2023. Veille d'Aïd en terre marocaine. Un mélange de foi et de joie; les louanges à Allah chantées dans d'historiques mosquées sur les téléviseurs des salons marocains, fenêtres ouvertes sur la nuit et sur la rue qui résonne de ces voix d'incantation. Demain, ils seront les lieux de fêtes familiales, où les enfants seront rois, dans leurs tenues traditionnelles, ceintes de cordons dorés. On entendra leurs cris et leurs cavalcades dans les maisons. Et les youyous des femmes aussi, aux mains et pieds teints de Henné, dont les arabesques se dessineront sur les chevilles aux peaux elles aussi dorées. L'assiette du nécessiteux y sera dressée; la zakat est l'un des cinq principes de tout musulman. 
Ambiance affairée dans les cuisines où les femmes préparent déjà les festins salés-sucrés du lendemain, roulent les briouate et mettent les épaules d'agneau dans les fours, pour sept heures d'une lente cuisson : on entend leurs voix rieuses.
Dehors, une légère fraîcheur gagne. Des hommes fument, assis à même le sol. Des volutes montent, qui semblent s'élever comme des âmes, vite enfuies.
Les jours à venir seront torrides. 43 degrés annoncés. Le changement climatique n'a ni frontière ni religion. Il avance, impitoyablement, malgré les prières pour la pluie dans les lieux de culte, malgré la fête, aux accents mêlés de l'insouciance du jour et d'angoisse des lendemains. 
"Et c'est ainsi qu'Allah est grand", comme l'écrivait Alexandre Vialatte au terme de chacune de ses chroniques littéraires...

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