Ses yeux ont la couleur du ciel. Ils illuminent son petit visage de nourrisson.
 Ce jour-là, elle était assise, dans sa poussette, sur le chemin de promenade.
Son regard allait d'un arbre à l'autre, d'un parterre verdoyant à une tourterelle s'enfuyant à notre passage dans un bruyant froissement d'ailes, et dont l'envol semblait la fasciner. 
L'émerveillement de l'enfant devant la vie qui va de son cours paisible et champêtre doit être une puissante invitation pour nous à se faire les gardiens vigilants de cette biodiversité que nous avons recue en legs; des grands équilibres de la nature, soumis pourtant à l'action destructrice de l'homme. Oui, c'est dans ce regard que se puise la force intérieure de militer et d'agir pour défendre, pour elle, la pérennité de cet héritage. 
Je fis une halte, le temps d'ajuster un plaid la protégeant du vent. C'est là que je vis ses yeux fixer le ciel; c'était le soir, le soleil avait franchi l'horizon, les bleus se mêlaient aux roses dans un beau camaïeu de couleurs. Peut-être avait-elle aperçu sa première étoile, celle qu'on garde à jamais au cœur,  comme une mère, et qui, parfois, durant le cours de sa vie, ressurgira comme ressurgissent les rêves d'enfant. 
Le bonheur et l'amour filial d'un père sont là, dans ces instantanés magiques.

 

Retour à l'accueil