Certains jours dans nos vies nous laissent dans un état de vacuité.
Contrariétés, lassitude ou stress vous font hésiter entre s’abrutir de travail pour évacuer les obsessions ou donner du temps au temps, se laissant envahir par une sorte de relâchement de l'esprit et du corps. Le sommeil peut vous gagner soudain en plein après-midi, que la fraîcheur surprenante d'un jour de mai rend plus réparateur encore. Puis vous allez au hasard du chemin le plus proche, sans but, sinon celui de tuer les heures.
 Votre regard fuit l’horizon : les lointains sont incertitude ; le chemin, lui, est un rail. On s’y laisse aller, espérant n’y croiser que soi-même, ce qui est déjà une épreuve.
C’est là, à deux pas de chez vous , que vous découvrirez la tribulus terrestris. Jamais vous ne l’auriez aperçue un autre jour que celui-là. L’insignifiance des êtres échappe à l’homme pressé. Il y a pourtant une beauté de l’insignifiant, qui invite à la relativité des choses. Elle est là, sur une plate-bande, en forme d’étoile de mer, au feuillage argenté, avec ses petites fleurs jaunes. Elle ne dépasse pas 15 centimètres de longueur. Seule sur un sol sec, où plus rien d’autre ne pousse. Internet sur le smartphone vous éclaire  aussitôt : on l’appelle aussi croix de Malte en raison de ses fruits cruciformes. Vous apprenez qu’en 1847, Carl Julius Fritzsche, botaniste et chimiste allemand, isola une molécule chimique, composé actif de Tribulus terrestris aux propriétés stimulantes, l’Harmine. Et que des explorateurs d'Afrique du Sud constatèrent plus tard que l'ingestion de plantes contenant de l'Harmine, substance aux propriétés psychotropes, agissait sur l'esprit et la conscience.
Vous rentrez avec une frêle tige cueillie en mains et ces images en tête d’un vieux chercheur saxon, d’explorateurs au pays des zoulous, de croix de Malte, là où, une heure avant, vous étiez envahi par le stress. Le spectacle de la nature est magie.

"Va toujours par le chemin le plus court, et le plus court est le chemin tracé par la nature."
(Marc-Aurèle)

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