Reprise, ces jours derniers, de ma lecture de "La psychanalyse du feu " de Gaston Bachelard, dans l'édition de 1965, de poche, chez "Idées/ Gallimard".

Le livre est vieux ( tirage de 1983), poussiéreux, les pages sont jaunies, sentant le vieux papier, mais le texte en apparaît que mieux dans toute sa densité, par l'effet de ce contraste saisissant entre la forme du livre et la richesse de son contenu, d'une profondeur rare.

Ceux qui ont eu le privilège -ils sont très âgés maintenant- d'assister aux cours et conférences données par Gaston Bachelard avant sa mort, ressentaient ce même effet de contraste, paraît-il, entre l'aspect rocailleux de la voix du philosophe, marquée d'un accent bourguignon prononcé, la barbe touffue et mal taillée aux allures druidiques et le foisonnement intellectuel du propos, la construction d'une pensée bachelardienne qui se faisait brillamment devant eux.

 Il doit rester quelques enregistrements radio de ces moments exceptionnels : certains, qui me liront, sauront peut-être m'indiquer commernt y accéder .


C'est là, page 129 de l'édition que j'ai en mains de "La psychanalise du feu" , qu'on trouve la définition la plus limpide, concise, de l'utilité de la psychanalyse:

"Cette détermination de l'axe d'éclaircissement, soit subjectif, soit objectif, nous paraît le premier diagnostic d'une psychanalyse de la connaissance.

Si , dans une connaissance, la somme des convictions personnelles dépasse la somme des connaissances qu'on peut expliciter, enseigner, prouver, une psychanalyse est indispensable."

Appliquons ce " théorème " à nous-mêmes, après nous être rappelés l'antique "Connais-toi toi-même" : Quelle est la part dans l'analyse de nous-même, de notre comportement , de notre personnalité, de nos sentiments, et de la maîtrise de ceux-ci, de notre capacité à "gérer" nos passions ?

Quelle est donc la part qui relève de la connaissance objective , rationnelle, imprégnée d'éléments de méthode scientifique dans notre auto-analyse, et quelle est celle qui résulte d'une intuition sur nous-mêmes, de convictions subjectives sur ce que nous estimons être ?

Dès que cette seconde part dépasse la première, dès lors ressentons-nous profondément , consciemment ou inconsciemment , le besoin d'une démarche psychanalytique.

Mais beaucoup d'entre nous ne savent justement pas -ou ne se décident pas s'ils le savent-, à se contraindre de tenter une auto-analyse en adoptant une démarche rationnelle inspirée de nos connaissances propres en sciences humaines : Ils sautent le pas et courent chez leur "psy", comme l'on court vers le refuge de montagne quand l'orage est encore loin d'arriver et ne se fait entendre que par le lointain grondement du tonnerre sur les cîmes, à l'horizon.
Retour à l'accueil