Gouvernance de l’eau ou comment mettre fin à la République des confettis ?
Près de 11 000 services publics autonomes existent toujours en France pour gérer l'eau potable : soit près de 110 par département en moyenne. 
Cet émiettement inouï est préjudiciable à une gestion rationnelle de la ressource en eau.  
Plus de la moitié de ces services publics locaux concerne des collectivités de moins de 1 000 habitants, formés  de petites structures dédiées à l’alimentation en eau de zones peu peuplées : les ¾ lde ces micro-services concernent des collectivités de moins de 3 500 habitants et  un peu moins de 10% de la population française. 
 Leur fonctionnement repose sur la bonne volonté, la disponibilité et l’engagement quasi-bénévole d'un président de syndicat ou régie, d'un agent technique à temps partiel et parfois d’une aide de secrétaire itinérante de mairie. 
 70 % de ces services fonctionnent en régie.
En situation de crise liée au stress hydrique, et même s’ils font de leur mieux et sont souvent d’un dévouement admirable, leur réactivité est dépendante de la capacité opérationnelle de la poignée de responsables et agents à temps partiel qu’ils sont, le plus souvent dénués des compétences techniques nécessaires à la résolution des problèmes et à la préservation de la qualité de la production et distribution d’eau. En outre,  si 80 % de ces structures d'eau potable sont chargées de l’ensemble des missions de la compétence eau potable (production, transport et distribution) les 20 % restantes, soit 2 000 d'entre elles, dont les missions sont réparties entre plusieurs syndicats ou régies, sont appelées à s'entendre, lorsque survient la crise. 
Sauf que, bien souvent, les égoïsmes locaux et rivalités de clocher conduisent à des impasses, rendant impossibles les coopérations.
Or,  nous sommes entrés dans une période longue durant laquelle, du fait du changement climatique, les crises vont succéder aux crises, le déficit en eau deviendra récurrent et la gestion « à la papa » décrite ci-dessus ne sera plus une réponse appropriée aux enjeux de la desserte en eau potable des populations des zones rurales, tout aussi exposées voire plus exposées que dans les zones urbaines et métropoles aux défis de l’accès à l’eau.
Il est donc urgent de reprendre le chantier des regroupements par fusion des syndicats et de repenser le modèle, désormais archaïque, des petites régies communales ou micro-syndicats à l’heure où les interconnexions de réseaux et d’équipements de production (forages notamment) devient une nécessité. Les schémas départementaux de coopération intercommunale doivent être remis sur l’ouvrage ! 
Bien sûr,  la tâche politique est ardue,  puisqu’elle consiste à mettre un terme à une gouvernance locale de la ressource première et vitale qu’est l’eau,  qui était de temps immémoriaux et jusqu’à présent l’apanage d’élus communaux, village par village, convaincus de gérer en bons pères de famille l’alimentation en eau de leurs concitoyens et qui tiraient fierté de veiller à la protection de la ressource, aux forages et à leur aire de captage, de faire tourner les pompes, de soulever les regards, de contrôler les branchements, de discuter sur le pas des portes avec les usagers au moindre souci qui leur était signalé. 
À défaut de parvenir à de telles fusions, qu’au moins une assistance technique et logistique puisse leur être fournie, sur le modèle des SATESE pour l’assainissement, et permette de préparer nos territoires, tous nos territoires, à affronter les stress hydriques à venir.

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