L'adaptation au changement climatique, depuis la sévère sécheresse de l'an passé est sur toutes les lèvres. La prise de conscience de ce "qu'il se passait quelque chose" qui pouvait radicalement altérer nos modes de vie s'est faite dans l'esprit de beaucoup de français à l'été 2022.
Pourtant, depuis longtemps déjà, les signes avant-coureurs étaient là : pics de pollution, mini-tornades dévastatrices, dépérissement de forêts entières, etc.; les alertes se multipliaient. 
Nous savons maintenant que le processus est inéluctable; que, malgré les bonnes volontés exprimées, la voracité des hommes, les principes fondateurs d'une économie productiviste et la mondialisation des échanges empêcheront l'atteinte des objectifs fixés par les Accords de Paris sur le climat.
Il faut s'y résoudre. Le GIEC prévient régulièrement de l'imminence de ses effets estimés.
La montée des égoïsmes, corollaire de cette prise de conscience, fait que chacun voit désormais midi à sa porte quand survient la pénurie. Les conflits d'usage ne font que commencer, pour l'accès à l'eau aujourd'hui et demain pour d'autres besoins vitaux : celui d'échapper aux îlots de chaleur et de vivre dans des lieux plus frais, d'accéde à un air sain ou de vivre dans des zones mieux protégées que d'autres des phénomènes climatiques extrêmes ou de l'érosion côtière, que sais-je encore.
On baptise pudiquement "transition écologique" ce qui, en réalité, sera une mutation profonde, une  déconstruction/reconstruction de nos paysages tant urbains que ruraux, une radicalisation des rapports humains, une évolution de nos modes de vie, une aggravation exponentielle des inégalités entre ceux qui pourront choisir le mode de vie le plus protecteur et le plus sain et ceux qui, faute de ressources, devront essuyer les chocs successifs du changement climatique. On sait par exemple mesurer la surmortalité urbaine liée à la pollution et à la chaleur excessive, dans des villes inadaptées.
L'État n'a pas pris la mesure - ou ne veut pas la prendre - de l'immense transformation sociétale que le changement climatique va générer, qui menace notre souveraineté hydrique, notre souveraineté alimentaire, bref notre souveraineté nationale.
Dans les territoires, à quelques exceptions près, il en va de même.
Il manque à ce pays celle où celui qui aurait l'intuition de l'enjeu et la créativité insritutionnelle d'un Bonaparte Premier consul et qui entreprendrait une réforme en profondeur des structures de l'État pour donner au pays le mode d'organisation le plus adapté à l'ampleur de ces transformations.
Nous avons depuis 2018 un Haut conseil pour le climat, au rôle purement consultatif là où eût du être créée une institution forte, inscrite dans la Constitution, dotée de pouvoirs étendus, une sorte de Commissariat de la République à la Transformation Climatique, dont le responsable aurait eu rang de vice-premier ministre.
Nous avons des préfets à l'égalité des chances dans de nombreux départements. Louable. Mais que n'avons-nous pas déjà des préfets coordinateurs de l'adaptation au changement climatique, placés sous l'autorité conjointe de ce Commissaire de la République à la Transformation Climatique et du ministre de l'intérieur !
Dans la plupart des collectivités territoriales aussi, même si quelques vice-présidents ou adjoints au changement climatique s'observent, souvent en fin de tableau et bien souvent démunis de délégation réelle, aucune fonction dotée d'une capacité d'agir forte et transversale n'est identifiée, ni dans les exécutifs locaux, ni dans les directions générales des services. Pas plus que n'ont été créées des instances pérennes, en substitution aux fluets conseils de développement des agglomérations, les Conseils de Transformation Climatique, en charge de penser et préparer la nouvelle donne du territoire.
Un de nos leaders politiques existants ou à venir s'appropriera-t-il une telle ambition ?
La France prendra-t-elle le "taureau climatique par les cornes" ?
Sans jouer les Cassandre, il y va de la pérennité de la Nation. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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